Embarquement pour l’Italie

Ce début d’année 2014 est marqué par une profusion de belles expositions à Paris. Nous en retiendrons ici trois principales. D’abord au Musée Jacquemart-André, c’est toute la grâce légère de l’esprit français des Lumières qui est présentée. Le XVIIIe siècle n’est pas que la période où l’esprit de Voltaire domine l’Europe, c’est aussi le moment où la « douceur de vivre », comme le dira Talleyrand plus tard, se fait la plus sensible. Les peintres mis à l’honneur illustrent le goût des fêtes galantes : Watteau, Boucher, Fragonard. Ils montrent une société insouciante, joyeuse, pleine de vie et disent mieux que quiconque ce qu’a été ce « beau XVIIIe siècle ».

Une des toiles phares de Watteau est L’embarquement pour Cythère, mais à Paris, ce n’est pas vers l’Ile d’Aphrodite que nos pas nous conduisent mais bien vers l’Italie. D’abord vers la Rome antique. Le Grand Palais consacre pour quelques semaines une exposition à l’empereur Auguste à l’occasion du deuxième millénaire de sa mort. Principal dirigeant de l’empire romain de 42 av. J.-C. à sa mort en 14 ap. J.-C, il met en place un régime politique stable et sous son règne prospèrent les arts, le commerce et la paix. Virgile, Ovide sont les témoins de ce moment faste de l’histoire romaine qui nous a laissé tant de chefs-d’œuvre de l’Enéide à l’Art d’aimer en passant par une multitude de statues et de reliefs que les conservateurs ont choisi de montrer au public.

Enfin, dernière escapade de cette virée italo-parisienne, la Naples du XVIIe siècle. Fondée à l’époque archaïque par les Grecs, la cité vit à l’ombre du Vésuve. Au Moyen-âge, puis à l’époque moderne, les Napolitains se sont cherchés des protecteurs contre ce turbulent voisin. En 1631, une éruption du volcan épargne la ville suite à un miracle du saint patron de la ville, l’évêque Janvier de Bénévent. Depuis, tous les 16 décembre ou presque, jour anniversaire de ce miracle, le sang de saint Janvier se liquéfie miraculeusement, attestant que l’attention du saint est toujours là et que la ville est protégée. En remerciement, les Napolitains ont édifié à leur protecteur une superbe chapelle à côté de la cathédrale et l’ont décorée de pièces d’orfèvrerie toutes plus précieuses les unes que les autres. Les bustes reliquaires en argent sont une version nouvelle de la statuaire et cette exposition d’un très grand intérêt souligne aussi la vigueur des arts décoratifs du royaume de Naples du XVIIe au XIXe siècle.

Vendredi10MaiSemaine 19 | SolangeCPremier croissant